Survivre dans une société numérique

Buurtwerk 't Lampeke asbl est une organisation sociale de Louvain qui lutte contre la pauvreté, la précarité et l'exclusion sociale depuis plus de 50 ans. Elle est présente sur plusieurs sites à Louvain, avec un centre de jour pour bébés, enfants en bas âge et leurs parents, un centre pour jeunes parents, un centre pour enfants (Fabota) et un centre pour jeunes (Den Tube), ainsi qu'une maison de quartier pour les adultes et les familles.

 

 

‘Cette association sans but lucratif lutte contre la pauvreté et la précarité sur trois fronts : d'une part, elle est très active sur le terrain : repas de quartier, boutique de seconde main, aire de jeux, aide aux devoirs, activités de groupe comme des sorties au théâtre... ; d’autre part, elle s’attache à développer les talents des gens par le biais de projets ; enfin, elle cherche à peser sur le politique afin de générer des changements structurels’, explique Karin Nelissen, coordinatrice générale de l'association. ‘Nous opérons au niveau local et flamand, mais aussi par exemple dans les écoles, par le biais de témoignages vécus, de journées d'étude, etc. De même, nous créons régulièrement du matériel inspirant, comme des documentaires, des livres... en vue de promouvoir le changement social.’


‘Notre but, c’est la mixité sociale : le riche et le pauvre doivent apprendre à mieux se connaître et à travailler ensemble, ce qui permet de créer des liens entre les gens et d'éliminer les préjugés.’ 



Soutien dans les études, le travail et la vie

En 2020, l'association 't Lampeke a déposé un dossier auprès de la Fondation Roi Baudouin pour obtenir des ordinateurs portables. ‘Dans notre dossier, nous avons mis l'accent sur les jeunes et le soutien que nous leur apportons dans leurs études, leur travail et leur vie.’ 


‘Nous avons constaté que beaucoup de jeunes et d'enfants font leurs devoirs sur leur smartphone, ce qui bien sûr n'est ni pratique ni efficace", explique Karin. ‘Quoi que l’on veuille faire ou entreprendre, l’internet est aujourd'hui incontournable.’ L’ordinateur portable peut faire une très grande différence pour nos jeunes dans ce domaine.  


‘Nous recevons parfois de vieux ordinateurs portables, mais ils sont souvent de piètre qualité et dotés de programmes obsolètes. Ils ne sont donc pas vraiment utiles’, poursuit Karin. ‘Digital for Youth nous a offert des ordinateurs portables en bon état et performants, qui aident vraiment nos jeunes à faire leurs devoirs, à postuler pour des emplois et à participer à la société numérique.’




Etudes d’informatique

L'association organise des sessions d'étude hebdomadaires pour un groupe de jeunes, et les ordinateurs portables s’y révèlent bien sûr très utiles. ‘Nombre d’écoles prêtent des ordinateurs portables à leurs étudiants, mais souvent à certaines conditions ou moyennant le dépôt d’une garantie substantielle, ce qui exclut d’office un certain nombre de ces étudiants’, précise Karin. ‘A ces jeunes, nous leur avons offert un ordinateur portable en toute confiance’, poursuit-elle.

 

Les expériences vécues par les jeunes aidés par Buurtwerk ‘t Lampeke le montrent clairement : ce don de Digital for Youth fait une différence marquante pour les jeunes qui en bénéficient. ‘Les ordinateurs portables et le soutien y afférent leur ont ouvert de nouvelles portes", note encore Karin, ‘à tel point que certains d’entre eux ont entrepris des études d'informatique. Bien entendu, ces ordinateurs portables ne sont pas seuls en cause, mais ils ont assurément joué un rôle important. Sans ces PC, les jeunes auraient sans doute été moins nombreux à choisir cette option, mais il n’en reste pas moins que nombre de ces jeunes rêvent d'un emploi dans les TIC." 

Pas la panacée

La numérisation de notre société avance à grands pas. Les besoins en ordinateurs portables restent donc très importants. ‘Mais ce n’est pas la panacée", constate Karin, ‘car il va de soi que nous continuons à avoir besoin de nouveaux ordinateurs portables, et que nous continuerons à introduire de nouveaux dossiers chaque fois que le besoin s'en fera sentir, car notre association n’a pas l’argent pour acheter des ordinateurs portables’


‘We leveren maatschappelijk relevant werk en worden daar al 50 jaar voor erkend, maar we zijn sowieso afhankelijk van subsidies. En subsidies hangen af van beleidsmakers, van politiek, van decreten die op dit moment in de weegschaal liggen. Dan is het afwachten wat onze naam en onze rijke geschiedenis  betekenen voor de beslissingen die genomen zullen worden..’


‘T Lampeke peut se targuer d’un historique pérenne (plus de 50 ans) d’action communautaire utile et efficace, ce qui montre combien il est important que les pouvoirs publics investissent massivement dans de telles actions. Plutôt que de réduire les possibilités de subvention, il faudrait au contraire investir davantage. Il est évident aussi que, demain, les pouvoirs publics seront appelés à mobiliser plus de ressources encore contre l’exclusion numérique, ce qui pourrait se faire aussi au travers d'une collaboration entre le public et le privé.

 
 
 

Etat d'esprit

C’est donc à juste titre que Karin souligne qu'il reste beaucoup de pain sur la planche de la numérisation. ‘Le problème perdra en importance à mesure que les jeunes seront plus nombreux à intégrer le numérique dans leur quotidien. Mais le prix en reste élevé, et il y a toujours des jeunes et des parents qui restent bloqués aux portes de la société numérique. De leur côté, c’est un fait, les seniors sont eux aussi appelés à développer leurs compétences numériques." 

 

Selon Karin, il ne s'agit pas seulement d'une question de moyens, mais aussi d’état d’esprit qui fait souvent défaut aux personnes en situation de pauvreté. ‘Dans le cadre de nos activités, il nous arrive de rencontrer des personnes qui se demandent comment elles pourront optimiser 50 cents car à la fin de la semaine, il ne leur restera plus d'argent pour acheter de la nourriture pour leurs enfants. Ces personnes sont en fait en mode survie : elles vivent au jour le jour sans pouvoir penser à rien d'autre. Inutile donc de leur expliquer l’importance des compétences numériques. Cela ne passe tout simplement pas.’